Cannes à l’heure de #MeToo

La 77e édition du festival, qui débute ce 14 mai, s’ouvre dans un climat étrange dû à une rumeur de révélations liées à des agressions sexuelles

Christophe Kantcheff  • 13 mai 2024
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Cannes à l’heure de #MeToo
© LOIC VENANCE / AFP

Peut-être Iris Knobloch, présidente du Festival de Cannes (1), et Thierry Frémaux, son délégué général, pensaient-ils que la nomination, en décembre dernier, de Greta Gerwig à la tête du jury de la compétition de cette 77e édition suffirait. Peut-être ont-ils cru que l’attribution de ce rôle éminent à la réalisatrice du blockbuster Barbie – et qu’importe si ce film ne relève que d’un pseudo-féminisme ! – prouverait à elle seule le soutien du festival à la cause des femmes.

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La 77e édition se tient du 14 au 25 mai. Retrouvez sur Politis.fr notre chronique quotidienne en direct de Cannes.

C’était sans imaginer l’irruption sur la scène publique de Judith Godrèche, dont les déclarations ont revitalisé le #MeToo du cinéma dans un premier temps, avant qu’il devienne beaucoup plus large, provoquant une déferlante de témoignages.

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Le festival ne pouvait pas ne pas réagir. D’autant que, cette année, les réalisatrices ne brillent pas par leur présence dans l’épreuve reine : on en compte 4 sur 22 films en compétition (elles étaient 7 sur 21 l’an dernier). Ses responsables ont donc ouvert leur porte au court-métrage de Judith Godrèche, intitulé Moi aussi, « qui met en lumière les récits de victimes de violences sexuelles », commente le festival. Il poursuit : « Autant d’expériences individuelles qui s’ajoutent à la sienne et soulignent leur caractère tristement universel. Le Festival de Cannes souhaite ainsi faire résonner ces témoignages. » Le film sera présenté le mercredi 15 lors de la cérémonie d’ouverture de la section Un certain regard et au Cinéma de la plage en accès libre.

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Une programmation décidée alors que de nouvelles révélations pourraient intervenir pendant le Festival, à l’instar des 9 femmes qui ont témoigné dans le magazine Elle, à la veille de son ouverture, contre le producteur Alain Sarde. Une liste de 10 « grands » noms du cinéma Français, accusés d’agression sexuelle, circule également sur les réseaux sociaux. Une rumeur persistante que Mediapart – accusé d’en être l’auteur – a démenti : « C’est faux évidemment », a assuré Lénaïg Bredoux, journaliste à Mediapart, qui dénonce dans un article, un spectacle médiatique « pathétique ». Une rumeur qui viserait aussi à jeter le discrédit sur les femmes victimes de violences.

Pour autant, les responsables du Festival se sont préparés en s’adjoignant notamment les services d’une agence de communication de crise. « Nous suivons la situation de près, a affirmé Iris Knobloch dans une interview à Paris Match datée du 8 mai. Si le cas d’une personne mise en cause se présentait, nous veillerions à prendre la bonne décision au cas par cas […]. Mais on évoquerait aussi l’œuvre afin de voir ce qui est le mieux pour elle. C’est elle, la vraie star. »

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