Desmond Tutu, une grande voix s’est éteinte

L’icône de la lutte contre l’apartheid et Prix Nobel de la paix est décédé le 26 décembre à l’âge de 90 ans.

Lucas Sarafian  • 5 janvier 2022
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Desmond Tutu, une grande voix s’est éteinte
© TREVOR SAMSON / AFP

Il fut l’une des incarnations de la lutte contre l’apartheid et de la réconciliation de son pays. Desmond Tutu, Prix Nobel de la paix 1984, est décédé le 26 décembre à l’âge de 90 ans. Connu pour son franc-parler et son humour, l’ancien archevêque sud-africain était le visage du combat contre toutes les injustices.

Enfant, il voulait devenir médecin, mais, faute d’argent, il suivra des études pour être enseignant, comme son père. Métier dont il démissionne après que les lois de l’apartheid se durcissent, imposant notamment un enseignement restreint pour les étudiants noirs et la ségrégation raciale dans tous les établissements scolaires. Il étudie alors la théologie avant d’être ordonné prêtre à 30 ans.

Lors des émeutes violemment réprimées de 1976 dans un quartier de Soweto, Desmond Tutu, alors premier Noir à être doyen du diocèse de Johannesburg, devient le porte-voix de toutes les colères d’une population subissant de plein fouet le régime ségrégationniste dans le pays.

Alors que Nelson Mandela est incarcéré depuis de nombreuses années, il incarne une résistance non-violente contre l’apartheid en organisant des marches pacifistes. Un engagement couronné par le prix Nobel de la paix. Premier archevêque anglican noir deux ans plus tard, il ne cesse d’alerter la communauté internationale sur les horreurs du régime sud-africain.

Il est nommé par Nelson Mandela, devenu président à la faveur des élections démocratiques et multiethniques de 1994, à la tête de la Commission vérité et réconciliation, dont la tâche consiste à enquêter sur les violations des droits humains commises par le régime ségrégationniste de l’apartheid. Fidèle à ses principes, Desmond Tutu plaide pour le pardon, seule façon à ses yeux d’enterrer définitivement ce régime.

S’il prend en 1996 sa retraite d’archevêque du Cap, il poursuit sans relâche sa défense des plus faibles et des opprimés. C’est ainsi qu’il défend les droits des minorités LGBTQ, dénonce vigoureusement la corruption politique de son pays, critique l’ancien président Thabo Mbeki sur ses positions face au VIH, appelle à l’action contre le changement climatique, défend la cause palestinienne et alerte sur la situation des Rohingya en Birmanie. L’une de ses phrases le résume tout entier : « Si vous êtes neutre dans les situations d’injustice, vous avez choisi le camp de l’oppresseur. »

Monde
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