Les associations réagissent

Ingrid Merckx  • 2 octobre 2008 abonné·es

La date limite est fixée au 23 octobre. Plus que trois semaines, donc, pour répondre à l’appel d’offres du gouvernement ouvrant à « toute personne morale » la mission d’intervention dans les centres de rétention administrative (CRA). Plus que trois semaines, aussi, pour les organisations impliquées dans la défense des droits des migrants, pour modifier les termes de cet appel et du décret du 22 août modifiant les conditions d’intervention dans les CRA (voir Politis n° 1018). Le 29 septembre, 34 d’entre elles, réunies par Acat-France, Amnesty International France, l’Anafe, le Comede et la Ligue des droits de l’homme, ont publié une déclaration pour alerter « sur les dangers de la réforme ministérielle relative aux interventions de la société civile dans les centres de rétention administrative » . Elles redoutent « que la mission telle qu’exercée jusqu’à ce jour par la Cimade auprès des étrangers retenus dans les CRA […] ne soit remise en cause » . Selon elles, la réforme « dénature la mission » car « l’assistance à l’exercice effectif des droits » est réduite à une seule « mission d’information » . Elles fustigent « l’émiettement de la mission » , qui contrarie « toute analyse d’ensemble ». Elles déplorent que « l’ouverture de cette mission par voie d’appel d’offres de marchés publics à des opérateurs autres que les associations spécialisées menace l’exercice des droits » des retenus. Enfin, elles estiment que « l’exigence de neutralité, de discrétion et de confidentialité » , que contient l’appel d’offres, « revient à entraver toute parole publique de témoignage
et d’alerte »

En résumé, elles voient dans ce geste du ministre de l’Immigration, Brice Hortefeux, le prolongement d’une politique du chiffre en matière d’éloignement des migrants et « une volonté d’entraver l’action de la société civile » . Elles demandent donc au gouvernement de renoncer à la réforme et d’engager une concertation avec elles. Reçue les 22 et 24 septembre par Brice Hortefeux, la Cimade prévient que le ministre de la mission. En revanche, il a confirmé que les organisations pourraient répondre à l’appel d’offres groupées pour un même lot, à condition qu’il n’y ait qu’une personne morale par centre. Il a également déclaré qu’il ne remettait pas en cause la liberté d’expression. Mais aurait-il pu prétendre le contraire ?

Société
Temps de lecture : 2 minutes

Pour aller plus loin…

À la maison, à l’école, en ligne ou dans la rue : les violences LGBTIphobes sont partout
Violences 17 mai 2024 abonné·es

À la maison, à l’école, en ligne ou dans la rue : les violences LGBTIphobes sont partout

Deux rapports, l’un de SOS Homophobie, l’autre de l’Observatoire LGBTI+ de la Fondation Jean Jaurès révèlent, en cette Journée internationale de lutte contre l’homophobie et la transphobie, l’insécurité dans laquelle vivent les personnes LGBT et ce, dès leur plus jeune âge.
Par Hugo Boursier
Mobilisations étudiantes pour Gaza : « Un véritable tournant répressif »
Jeunesse 17 mai 2024 abonné·es

Mobilisations étudiantes pour Gaza : « Un véritable tournant répressif »

Multiplication des interventions policières, fermeture des lieux d’études, annulation ou interdiction de conférences : la répression des étudiants en raison de leur mobilisation pour le peuple palestinien est devenue la seule réponse des universités.
Par Léa Lebastard
« L’inceste, c’est toute une vie de silence »
Entretien 16 mai 2024 abonné·es

« L’inceste, c’est toute une vie de silence »

Dans un entretien donné à Politis, l’anthropologue Dorothée Dussy décrit les mécanismes du silence autour de l’inceste empêchant les victimes d’être entendues.
Par Pauline Migevant
Violences sexistes et sexuelles : pour prolonger notre numéro spécial
Conseils 16 mai 2024

Violences sexistes et sexuelles : pour prolonger notre numéro spécial

Politis vous propose une sélection d’essais, de livres, de podcasts, de documentaires, etc. et une liste d’associations d’aide aux victimes, en complément de son numéro spécial, consacré à la parole des victimes de violences sexistes et sexuelles, à retrouver sur notre boutique et sur notre site.
Par Politis